Appel à communications

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APPEL A COMMUNICATIONS

Espaces à saisir : Interstices et communs urbains.

La ville à l’épreuve de l’interdisciplinarité

10 et 11 décembre 2020 

Université de Tours

 

Dans le cadre de l’axe « villes et études urbaines » de la Maison des sciences de l’Homme Val-de-Loire, un groupe de chercheurs relevant de différentes disciplines et de plusieurs laboratoires organise un  colloque  international intitulé  « Espaces  à  saisir :  Interstices et communs urbains ». Le but de ce colloque consiste à échanger sur les méthodes et les cadres théoriques dont les différentes disciplines de sciences humaines et sociales disposent pour                                        étudier ces espaces. Le colloque, qui se déroulera à Tours les 10 et 11 décembre 2020, fera une large place à la présentation des communications sélectionnées, dans le cadre de sessions thématiques. Il sera introduit et conclu par des conférences plénières (la liste des conférenciers est encore incertaine).

 Introduction

 Toutes les villes, depuis leur origine, comprennent des lieux ambigus, à la fonction ou au statut incertains ; des lieux qui brouillent et questionnent les limites instituées, interrogent la distinction public/privé, le rapport centre/périphérie. L’étude de la « fabrique » de la ville se focalise sur les processus de production formelle, orchestrés par les pouvoirs publics. Elle s’intéresse peu aux espaces interstitiels, périphériques, délaissés, disqualifiés, en attente d’assignation et aux processus d’appropriation collective dont ils peuvent être l’objet. Ces lieux méritent pourtant notre attention. Qu’ils soient vides ou occupés, bâtis ou non, ces lieux sont convoités, menacés, occupés…. Ils peuvent (re)devenir communs ou cesser de l’être. Espaces à prendre, ils sont donc aussi à saisir intellectuellement. Car ces lieux participent depuis toujours à la transformation des villes et invitent à porter sur elles un regard attentif aux dynamiques informelles, aux régulations qui procèdent de l’usage, mais aussi à des processus d’institutionnalisation qui échappent à l’Etat. Ils sont aussi une voie heuristique pour confronter les regards disciplinaires relatifs à la ville : approches historique, sociologique, géographique, juridique, littéraire, philosophique…

•    Axe : « Interstices urbains, l’entre-deux de la ville »

Au sens littéral du mot, l’interstice renvoie à l’entre-deux ou à l’entre-plusieurs, comme le rappellent Zwischenraum en allemand et in-between en anglais, sans oublier le fait que, dans certaines langues comme le turc, il n’existe aucun équivalent de ce terme. Historiquement, le mot français interstice désigne d’abord un intervalle entre deux vertèbres, puis un laps de temps,  et  ce  n’est  qu’au  XIXe  siècle,  période  d’urbanisation  accélérée  dans  le  monde occidental, qu’il prend le sens spatial plus générique de « se trouver entre », illustré par des mots comme « niche, terrain vague, dent creuse, friche, angle mort, zone, interface », etc. Formalisé par la propriété et le statut juridique attribué à l’espace, l’interstice, sans préjuger a priori de son échelle, peut être ainsi considéré comme une fissure dans la norme et n’être saisi que par les pratiques sociales, imprévues au  regard des règles en vigueur, qui s’y déploient.

Ainsi, le terme interstice ne constitue-t-il pas un concept défini et balisé par la recherche mais plutôt une notion-valise qu’il peut s’avérer fructueux de mobiliser dans des contextes différents. Employée dans les recherches urbaines, la notion intéresse plusieurs disciplines : histoire, archéologie, histoire de l’art, géographie, sociologie, anthropologie, urbanisme et aménagement, etc.,  et  ce  pour  différentes  raisons  qui  varient  selon  les  terrains  et  les périodes historiques examinés. Ainsi, l’objectif de cet axe du colloque est-il moins d’aboutir à une définition du terme, voire de lui fixer un objet, que d’inviter les disciplines à échanger sur leurs approches, leurs objets et leurs méthodes autour des trois thématiques suivantes.

Spatialités et temporalités. Si le point d’entrée est d’ordre spatial, l’interstice se caractérise d’abord par son caractère d’incertitude : incertitude de la qualification due à des usages imprévus, qui peut être durable, mais qui reste le plus souvent éphémère, intermittente. Au sens spatial, toujours, il s’agit de lieux abandonnés, délaissés, perçus comme sans qualités – sinon disqualifiés –, peu visibles, à l’écart ou non, plus ou moins aménagés, des lieux fixes ou de passage mais, dans l’ensemble, peu stabilisés. L’interstice ne possède pas seulement une histoire, mais aussi des temporalités liées à des pratiques changeantes ou à ses modalités de (non-)intégration dans l’espace urbain. Certains espaces peuvent ainsi sortir de la catégorie d’interstice, d’autres peuvent y rentrer, ce qui nécessite d’en saisir l’évolution dans le temps, en fonction des contextes sociaux, historiques et culturels particuliers. En ce sens, l’interstice peut revêtir une dimension hétérotopique capable d’induire une temporalité hétérochronique.

 Usages, fonctions, appropriations. Se soustrayant à l’ordre urbain, l’interstice se prête à des appropriations et à des détournements (squat, campement, lieux de résistance ou de protection, etc.), à des usages ordinaires (« chemins de chèvre »), à des pratiques discrètes, voire clandestines ou illégales (trafics, amours, refuges politique ou religieux, etc.). Si l’aménagement urbain peut produire des interstices, les usages imprévus de ces recoins peuvent contrecarrer la gestion urbaine des flux, de la sécurité, du contrôle, etc. À l’inverse, dans des configurations spatiales a priori conçues sans interstices (de type grand ensemble), les pratiques reconfigurent certains espaces comme des micro-interstices. De même, sas et espaces limitrophes au logement peuvent être considérés comme des espaces-tampons susceptibles d’être appropriés et transformés. Les espaces interstitiels peuvent être subis et contraints ou, au contraire, faire l’objet d’appropriations créatrices, qu’elles soient sociales ou artistiques ; ils constituent ainsi des ressources spatiales pour les citadins, sujettes elles- mêmes aux rapports de force (en termes sociaux, de genre, etc.) et pouvant donner lieu à des conflits. Du fait de la nature quasi invisible et silencieuse, souvent discontinue, des interstices, ce qui s’y déroule participe de la fabrication urbaine, même si ces derniers sont menacés et objet de convoitises. En ce sens, l’interstice, qu’il se trouve en centre-ville ou à la périphérie, est indissociablement lié à la problématique de la marge spatiale et sociale. Cependant, alors que l’interstice est défini par des usages, des fonctions ou des appropriations, la périphérie, dans ses différentes configurations historiques, entretient un rapport spatial empruntant à plusieurs espaces, un peu au centre, un peu à ceux qui sont au- delà d’elle-même. Le passage de l’un à l’autre peut être soit très formalisé (défini par des critères précis – une muraille en architecture urbaine) soit au contraire très subtil, soumis à l’accumulation insensible de signes, comme c’est le cas du passage de la campagne à la ville dans les sociétés occidentales. Auquel cas, la périphérie peut alors sinon nous apparaître comme un interstice spatial entre ville et campagne, du moins favoriser l’existence d’interstices polymorphes qui échappent à la détermination spatiale.

 Appropriations politiques des interstices. L’interstice semble ainsi échapper à la rationalité de l’organisation de l’espace et à la norme dominante. On pourrait même poser l’hypothèse que  l’absence d’interstice serait  totalisante, voire totalitaire.  Objet d’appropriations aux intérêts divergents, l’interstice peut en effet susciter l’intervention des pouvoirs politiques et économiques  visant  à  en  rétablir  le  contrôle,  à  en  redéfinir  les  fonctions,  voire  à  le supprimer. L’appropriation de l’interstice par la gestion urbaine, dont les logiques et finalités évoluent dans le temps et selon les contextes locaux, procède ainsi, à l’aide de dispositifs techniques destinés à mieux les maîtriser, à transformer les interstices en espaces aux fonctions normées, les sortant alors de leur catégorie interstitielle. Pour leur part, ceux et celles qui créent des interstices peuvent résister ou s’ajuster à ces mises à la norme, selon des formes de mobilisation qu’il sera intéressant d’interroger.

Les communications pourront s’inscrire dans l’une ou l’autre de ces trois entrées ou leur être transversales.

 Si les interstices urbains peuvent apparaître comme des « creux », à l’inverse les communs urbains semblent davantage figurer des « pleins »

 •    Axe « Communs : le collectif dans la ville » :

 La notion de « communs » est attestée depuis l’Antiquité et constitue un thème d’étude pour les historiens des sociétés anciennes – notamment sous ses aspects juridiques ou économiques. Elle fait actuellement l’objet de débats au sein des disciplines qui s’en sont emparées (principalement, l’économie, le droit, les sciences de l’environnement, la philosophie) et hors du monde académique. La frontière entre les deux sphères est d’ailleurs poreuse, les chercheurs qui s’intéressent au sujet pratiquant souvent une science engagée. On peut trouver chez Benjamin Coriat une définition générique du terme, qui s’accorde aux objectifs de ce colloque : « ressource en accès partagé, gouvernée par des règles émanant largement de la communauté des usagers elle-même, et visant à garantir, à travers le temps, l’intégrité  et  la  qualité  de  la  ressource »  (Coriat,  in  Cornu  et  al.,  2018).  Les  communs touchent ainsi autant à l’idéal qu’au quotidien des sociétés civiles. Les efforts de définition du  mot  se  réfèrent souvent  à  des enjeux d’action  (ainsi  la  commission  Rodonta, qui  a cherché à instituer une troisième catégorie de bien – ni privé, ni public).

 Appliquée à l’urbain, l’idée de communs est peu séparable de la critique de la ville néolibérale. Elle a notamment été investie par des mouvements sociaux et par la géographie critique,  aux  États-Unis  dans  un  premier  temps.  Ce  colloque,  sans  ignorer  ces  débats, voudrait  les  élargir  en  croisant  les  différentes  disciplines  intéressées  par  la  notion  de commun urbain. En s’ouvrant à des versants inexplorés de la question, il vise à déplier cette thématique  de  façon  à  créer  autant  d’ouvertures  que  possible :  nouvelles  approches, nouveaux terrains, nouvelles interrogations.... L’optique interdisciplinaire adoptée par le colloque vise également à enrichir le dialogue et stimuler la réflexion autour de ces enjeux.

 La visée consiste aussi à produire des conclusions communes, sur sept axes privilégiés, mais non exclusifs d’autres propositions :

 Les  lieux  des communs :  quels sont  les  lieux urbains  investis  comme des communs ou caractérisés  comme  tels ?  Depuis  quand  le  sont-ils ?  Comment  et  pourquoi  des  lieux deviennent-ils communs ? Comment et pourquoi cessent-ils de l’être ?                                      

Les  collectifs  d’usagers :  les  communs  urbains  sont  toujours  créés  et  attachés  à  des collectifs. Comment ces collectifs se construisent-ils ? Sur quelles durées ? Comment les décrire et les caractériser ? Quelles évolutions connaissent-ils ?

 Les règles génératrices de communs : les communs existent au travers de « règles pratiques élaborées collectivement » selon Pierre Dardot et Christian Laval. Quelles sont les règles susceptibles d’organiser des communs urbains, voire de les instituer ? Comment sont-elles construites   et   mises   en   pratique ?   La   copropriété,   propriété   collective   née   d’une "communauté d’intérêt »  (Chaigneau, in Cornu et al., 2017), régime très répandu (environ 40 % des logements en Europe en relèvent) peut-elle en être le socle ? Au-delà de cet exemple  il  s’agit  de  se  demander  si  les  règles  génératrices de  communs  procèdent  de « l’activation sociale du droit », selon la formule de Jacques Commaille (2015) ou si elles naissent de l’inscription dans l’espace de pratiques partagées.

 Les ressources mises en commun : quelles sont précisément les éléments, les ressources que les communs urbains mettent en partage ? S’agit-il d’espaces ou d’objets et, dans ce cas comment  les  caractériser  (terrains,  bâtiments,  instruments)  ou  bien  des  usages,  des pratiques (services municipaux, lieux culturels, etc.). Perçoit-on des évolutions ?

 Lart et le commun : comment l’art représente-t-il et s’approprie-t-il les communs ? Se pose la question de l’occupation de lieux abandonnés par des collectifs d’artistes (projet Berlin Art Bang, squat d’artistes de Tacheles à Berlin, Les Frigos ou 59 Rivoli à Paris…) ou des collectifs de spécialistes de l’évènementiel (Soukmachines, Collectif MU…). Celle de l’appropriation de ces espaces par les grapheurs se pose également, appropriations la plupart du temps sauvages, mais néanmoins codées. De même, le graffiti est un geste graphique dissident qui marque l’appropriation des communs urbains par l’individu, du mobilier urbain aux murs de la ville. Cette perspective recoupe celles déployées dans l’axe « interstices ».

 Les propositions de communication ou de poster pourront être fondées sur des recherches empiriques ou sur des réflexions spéculatives. Elles pourront prendre une forme monographique et se référer à un ou plusieurs champs disciplinaires.

 Les  auteurs  sont  invités  à  expliquer  précisément  leur  démarche :  leur  méthode,  leurs sources, leur cadre théorique.

 Les propositions de communications compteront 3000 signes au plus (espaces compris), et seront assorties d’une courte bibliographie et déposées directement sur le site web du colloque via la rubrique « Inscription ». Elles seront rédigées en français ou en anglais.

 

Nouvelle date limite d’envoi des propositions : 3 juillet 2020.

 Ce colloque donnera lieu à la publication d’actes.

 Site web du colloque : https://espacesasaisir.sciencesconf.org/

 

Bibliographie :

 •    Carnets    de    géographes,    "Les    espaces    de    l'entre-deux",    n°7,    2004,    en ligne : http://www.carnetsdegeographes.org/archives/sommaire_07.php

•    Commaille Jacques, 2015, A quoi nous sert le droit ? Gallimard, Folio, p. 74.

•    Cornu Marie, Orsi Fabienne, Rochfeld Judith, Dictionnaire des biens communs, PUF,

2017.

•    Dardot Pierre, Laval Christian, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, La

Découverte, 2014.

•    Dumont    Marc,    « Penser    la    ville    incertaine.    Périmètres    et    interstices », Espacestemps.net En  ligne :  https://www.espacestemps.net/articles/penser-la-ville- incertaine-perimetres-et-interstices/

•    Dupouy Christine, La question du lieu en poésie, du surréalisme jusqu'à nos jours, Amsterdam, Rodopi, 2006.

•    Hatzfeld Hélène, Hatzfeld Marc, Ringart Nadja, Quand la marge est créatrice : les interstices urbains initiateurs d'emploi, Ed. de l'Aube, 1998.

•    Monnet Pierre, « Villes et forêts communales : administration de l'espace, politique territoriale dans quelques cités de l'Empire à la fin du Moyen Age », dans Philippe Lardin, Jean-Louis Roch, La ville médiévale en deçà et au-delà de ses murs, Rouen, Publications de l'Université de Rouen, 2000, p. 67-83.

•    Mubi-Brighenti Andrea (dir.), Urban Interstices: The Aesthetics and the Politics of the

In-Between, Londres, Routledge, 2013.

•    Navez-Bouchanine Françoise, "L’espace limitrophe : entre le privé et le public, un no man’s land ?", Espaces et sociétés, n° 62-63, 1991, Paris, p. 135-159.

•    Nicolas-Le  Strat  Pascal,  "Multiplicité  interstitielle",  Multitudes,  n°  31,  2007,  Agir urbain. En ligne: http://www.multitudes.net/multiplicite-interstitielle/

•    Ostrom  Elinor,  Governing  the  Commons,  Cambridge,  Cambridge  University  Press,

1989.

•    Tonnelat Stéphane, Interstices urbains Paris - New York : entre contrôles et mobilités, quatre espaces résiduels de l'aménagement, Thèse de doctorat en urbanisme, dir. B. Haumont et W. Kornblum, U. Paris 12, 2003. En ligne : https://athena.u-pec.fr/primo- explore/search?query=any,exact,990002133370204611&sortby=date&vid=upec&fac et=frbrgroupid,include,568123923&lang=fr_FR&offset=0

•    Vallat   Colette,   Semmoud   Nora,   Monnet   Jérôme,  Lefrançois   Dominique   (dir.),

« Constructions    illégales,   activités   informelles,   interstices   urbains   :   la   ville, indomptable territoire », Historiens et Géographes, 403, 2008, p. 113-123.

 

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CALL FOR PAPER

MSH Val de Loire – Research Cluster “City and Urban Studies”

 Call for papers

 Whose space is it? Interstices and urban commons: the city from an interdisciplinary perspective

 Tours, France, 10-11 December 2020

 

As part of the research cluster “Cities and urban studies” at the Maison des sciences de l’Homme Val-de-Loire, a group of scholars from different fields and various centers of research, we are organizing an international conference entitled “Whose space is it?- Interstices and urban commons”[1]. The conference, alternating plenary meetings with thematic presentations, will offer the opportunity to exchange methods and theoretical frameworks throughout the various human and social sciences dealing specifically with these spaces.

 From their very beginnings, cities have included ambiguous spaces void of any particular function or status, spaces which confuse and defy previously established limits, alternating between public and private, and between the city center and its peripheries. The study of urban “fabric” has mainly focused upon the processes of its formal realization, and as determined by public authorities. It hardly takes notice of interstitial spaces or peripheries, those places which have been abandoned and lack a specific identity, and which are waiting to be identified and appropriated. These spaces in fact deserve greater attention. Whether empty or occupied, vacant or built upon, these spaces are coveted, menaced, occupied, etc. They may well become public spaces again, but also may not. Just as they may be occupied physically, they may also be appropriated intellectually. As these spaces are constantly involved in the transformational processes of the city, we should benefit from an examination of the informal forces at work, taking into consideration the regulations bearing upon them which were established prior to their use, as well as looking into the process of institutionalization which remains beyond the reach of public agencies. These spaces may in fact help us to understand academic positions regarding the city, whether they be historical, sociological, geographical, legal, literary, or philosophical, etc.

 

Focus on urban interstices: “in-between” spaces of the city

 Taken literally, the word interstice refers to that which is located between two or more places, as demonstrated in the German “Zwischenraum” and the English “in-between”. In some languages, such as Turkish, the word has no direct equivalent. Historically, the word was first used in France to describe the space between two vertebrae, and later on, it came to mean a period of time. Only with increasing urbanization in the West during the nineteenth century did the word take on a more general spatial meaning, namely that which is situated between one thing and another, to be associated with words such as "niche, vacant lot, recess, wasteland, zone, interface, etc.

 Formalized by the legal status given to it, the interstice, without any a priori judgement concerning its nature, could in fact be considered as an exception within normality, to be understood only by way of the social activities performed within it, these last more often than not outside of rules and regulations.

 Taken in this sense the word interstice has no fixed or formal meaning, being more of a blanket term with potential use in many contexts. Within the area of urban studies, it is widely used in history, archeology, art history, geography, sociology, urbanism and urban planning, all depending on the specific areas and time periods studied. The aim of this conference has less to do with finding a precise definition of the word as with bringing together various fields of research to contemplate their respective approaches, their objectives and their methodologies centering upon the following three areas:

 Concepts of space and of time

 Considered spatially, the interstice is first and foremost distinguishable by its uncertain nature: this uncertainty rising from how it is put to use, a use which may prove to be permanent but can as well remain ephemeral or sporadic.

 In its spatial sense, the word also refers to otherwise forgotten and abandoned places, void of interest, seen as insignificant and even disregarded, hardly visible, more or less out of the way, more or less laid-out, well-defined spaces or passageways, all of which are unstable. An interstice not only has a history but has temporalities as well, all of which are respectively related to their changing functions and to their processes of (non-)integration within the urban environment. Certain spaces enter into the category of interstice, others not, all of which requires an understanding of its development over time and according to particular social, historical, and cultural contexts. In this sense, the concept of the interstice covers a heterotopic dimension which may also imply a heterochronic temporality.

 Uses, functions, and appropriations

 Existing outside of the urban order, the interstice as a concept can easily be adapted and modified (squats, camps, places of resistance and refuge, etc.), appropriated for common uses (“donkey paths”), and used for discrete, secret or illegal activities (drug-dealing, lovemaking, a place for political or religious refugees, etc.). If urban planning is capable of creating interstices, the improvised uses of these locations may well interfere with urban flow, security, and surveillance, etc. On the other hand, in spatial arrangements conceived a priori without interstices (such as housing complexes), micro-interstices may be spontaneously created. In the same way, doorways and spaces adjacent to buildings can be considered as buffer-zones likely to be used and transformed for other purposes. Interstitial spaces may be borrowed or appropriated, or otherwise adapted for some other function of a social or artistic nature; they also represent spatial resources for city dwellers, resources which are in their turn subject to power relations (of social orders and gender, etc.), and which have the potential to create conflicts. Silent, almost invisible, and often discontinuous in nature, these interstices and what happens within them may be menaced and coveted, but are all part of the urban construct. Whether located in the center or on the outskirts of the city, the interstice remains inextricably linked to the problematic of spatial and social margins. While the interstice is defined by its uses, functions and appropriations, the periphery on the other hand in its various historical configurations occupies a place related at the same time to several areas, some located in the center, some reaching far beyond.

 The passage from one area to the other can be formally marked off (determined by certain criteria—a border in urban architecture), or can be more subtle, such as in the gradual increase of indicators, such as is the case passing from the countryside to the city in Western societies. In this way, the periphery might be regarded as a spatial interstice between the city and the country, at least if considering the possibility of polymorph interstices which resist any spatial designation.

 Political recuperation of interstices

 The interstice thus seems to defy any rational spatial organization and normative standards. It would even be possible to consider the absence of interstices as having a totalizing or even totalitarian effect. Coveted by different and opposing parties, interstices may be subject to intervention by governmental agencies seeking to re-establish control over them, to redefine their functions, or even to remove them. The appropriation of the interstice by urban planners, whose motives and purposes change with time and according to local contexts, is made possible through means specially designed to control it, by reassigning it normal functions, and by depriving it of its interstitial status. Those responsible for creating the interstices may either resist or conform to these adjustments through forms of engagement which it would be interesting to examine.

 If we were to imagine urban interstices as “empty”, we could likewise consider urban commons as “filled in”.

 Focus on the commons: the urban collective

 The notion of « commons » has been recognized since Antiquity and has long been a subject of study for historians of ancient societies – particularly in its legal and economic aspects. It is currently the object of debate as much within the various disciplines who have treated it (principally economics, law, environmental sciences, and philosophy) as well as outside the academic world. The boundary between these two areas is in fact porous, as the scholars involved in the study of the subject often have personal interests. Benjamin Coriat’s definition of the term “commons” comes quite close to defining the objectives of the conference: “a shared-access resource, governed by rules largely established by the community of its own users, aiming to guarantee over time the integrity and the quality of the resource” (Coriat, in Cornu et al., 2018). Commons are as much of an ideal as a daily reality in civil societies. Efforts to define the word often refer to specific social events (e.g. the Rotonda commission, which sought to establish a third category of goods - neither private nor public)

 Applied to an urban context, the idea of commons is difficult to separate from the criticism of the neoliberal city. It has particularly been taken up by social movements and by critical geography, and in particular in the United States. Far from ignoring these debates, this conference would like to broaden them by crossing over the different disciplines treating the notion of urban commons. By opening up unexplored areas of the question, it aims to spread out this theme in order to create as many openings as possible: new approaches, new fields, new questions, etc. The interdisciplinary approach adopted by the conference also seeks to enrich dialogue and stimulate thought on these issues.

 The objective is also to find common conclusions around the following lines of study, without excluding other proposals:

 Commons space: Which urban places can be considered as commons or characterized as such? How long have they been so? When and why did they cease to be?

User groups: Urban commons are always created by and associated with groups or collectives. How do these collectives come into being, over how much time? How can they be identified and characterized? How do they evolve?

The rules behind the commons: Commons exist through “practical rules determined collectively” according to Pierre Dardot and Christian Laval. What sort of rules are likely to organize urban commons? How are these rules conceived and put into practice? Could co-ownership or collective ownership based on a “community of interest” (Chaigneau, in Cornu et al., 2017), a very widespread phenomenon in Europe where 40% of housing is covered by it (Bright and Weatherall, 2017), be the basis for the commons? Beyond this example, the question is whether the rules which allow for the existence of commons proceed from “the social activation of the law”, according to Jacques Commaille’s formula (2015), or arise from the inclusion of shared practices in the space.

 Resources shared by the commons: What are the precise elements or resources which urban commons share? If these are places or objects, how can we describe them (lands, buildings, facilities), what are their uses, their purposes (municipal agencies, cultural locations, etc.)? Are they in the process of changing?

 Art and the commons: How are commons portrayed through art, how are they appropriated? We think immediately of the occupation of abandoned buildings by artist collectives (the Berlin Art Bang project, the artist squat Tacheles in Berlin, Les Frigos or 59 Rivoli in Paris) or the collectives of event managers (Soukmachines, Collectif MU, etc.). The appropriation of these spaces by graffiti artists is also worthy of consideration, as these are for the most part unregulated, but nevertheless informed by certain social codes. In the same way, graffiti is a dissident graphic act which represents the appropriation of urban commons by the individual, an appropriation of urban property on the city walls.

 Proposals for presentations or posters may be based on empirical research or on theoretical studies. They may take the form of a case-study or cover one or more areas of study.

 As the aim of the conference is to encourage a collective reflection on the possibilities and issues of interdisciplinary approaches in urban studies, the authors are asked to explain their research clearly and precisely: their methodologies, their sources, their theoretical framework.

 Proposals may not exceed more than 3000 characters, with spaces included (1500 spaces for posters), accompanied by a short bibliography, written in French or in English.

 The proceedings of the conference will be published.

 New deadline for proposals: july 3rd 2020.

 

Bibliography:

  • Les espaces de l’entre-deux, dossier de Carnets de géographes, 7, 2004.
  • Commaille Jacques, A quoi nous sert le droit ? Paris, Gallimard, coll. Folio, 2015.
  • Cornu Marie, Orsi Fabienne, Rochfeld Judith, Dictionnaire des biens communs, Paris, PUF, 2017.
  • Dardot Pierre, Laval Christian, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, La Découverte, 2014.
  • Dumont Marc, « Penser la ville incertaine. Périmètres et interstices », Espacestemps.net, mise en ligne le 10 janvier 2006, URL : https://www.espacestemps.net/articles/penser-la-ville-incertaine-perimetres-et-interstices/
  • Dupouy Christine, La question du lieu en poésie, du surréalisme jusqu'à nos jours, Amsterdam, Rodopi, 2006.
  • Hatzfeld Hélène, Hatzfeld Marc, Ringart Nadja, Quand la marge est créatrice : les interstices urbains initiateurs d'emploi, Ed. de l’Aube, 1998.
  • Monnet Pierre, « Villes et forêts communales : administration de l’espace, politique territoriale dans quelques cités de l’Empire à la fin du Moyen Age », in Philippe Lardin, Jean-Louis Roch (dir.), La ville médiévale en deçà et au-delà de ses murs, Rouen, Publications de l’Université de Rouen, 2000, p. 67-83.
  • Mubi-Brighenti Andrea (dir.), Urban Interstices: The Aesthetics and the Politics of the In-Between, Londres, Routledge, 2013.
  • Navez-Bouchanine Françoise, « L’espace limitrophe : entre le privé et le public, un no man’s land ? », Espaces et sociétés, 62-63, 1991, p. 135-159.
  • Nicolas-Le Strat Pascal, « Multiplicité interstitielle », Multitudes, 31, 4, 2007, p. 115-121.
  • Ostrom Elinor, Governing the Commons, Cambridge, Cambridge University Press, 1989.
  • Tonnelat Stéphane, Interstices urbains Paris – New York : entre contrôles et mobilités, quatre espaces résiduels de l'aménagement, Thèse de doctorat en urbanisme, dir. B. Haumont et W. Kornblum, U. Paris 12, 2003. En ligne, URL : https://athena.u-pec.fr/primo-explore/search?query=any,exact,990002133370204611&sortby=date&vid=upec&facet=frbrgroupid,include,568123923&lang=fr_FR&offset=0
  • Vallat Colette, Semmoud Nora, Monnet Jérôme, Lefrançois Dominique, « Constructions illégales, activités informelles, interstices urbains : la ville, indomptable territoire », Historiens et Géographes, 403, 2008, p. 113-123.

 

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[1] Call for papers translated by Liam Fennelly.

 

 

 

 

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